top of page

De l'Interprétation des Rêves 1/6

 

 

Je doute toujours un peu de ma capacité, je n'ose employer le mot "talent", à écrire quelque chose qui vaille.

Suis-je capable de "mettre en musique" ce qui vibre au fond de moi. Je ne sais même pas si cela présente un intérêt, pour moi et pour les lecteurs virtuels. Ne pourrait-on pas facilement n'y voir qu'une vaine occupation d'un homme vieillissant qui profite d'une retraite confortable de fonctionnaire de l’Éducation Nationale pendant qu'une multitude de gens se débat pour survivre.

Enfant gâté de la génération du "Baby-Boom", je devrais peut-être avoir la décence de me taire, me contenter de mes balades quotidiennes au bord de la mer, de mes siestes d'après repas avec un bon livre, de mes visites toutes les six semaines chez mes enfants et petits enfants.

" Laisser une trace". C'est bien orgueilleux tout ça!

Ce qui me rassure un peu, c'est que la trace en question a toute chance d'être peu visible.

Lorsque j'ai eu l'impudence d'envoyer, il y a quelques mois un premier manuscrit à un éditeur, je n'avais qu'une peur, c'est qu'ils me contactent en retour. Heureusement, il ne s'est rien passé. J'ai juste dépensé pour rien deux cartouches d'encre et une reliure.

Peur de la mort? Comme tout le monde!

Je suis cependant assez serein car j'ai côtoyé des personnes, de ma famille en particulier, dont certains n'avaient pas l'air d'avoir un courage extraordinaire et qui pourtant y sont arrivés... à mourir, alors je devrais m'en tirer aussi.

Et puis, j'avoue que l'expérience que j'ai fait il y a quelque temps m'a profondément rassuré.

Je vous la narre:

Figurez-vous que j'ai subi une exploration de l'intestin. Rien de plus banal qu'une "coloscopie" qui nécessite juste une anesthésie générale.

Le destin m'ayant jusque-là épargné la moindre intervention chirurgicale un peu sérieuse, je découvris à cette occasion la sensation inconnue de la perte de conscience.

Ce fut un éblouissement. Si le néant de la mort ressemble à cela et je ne vois pas pourquoi ce devrait être différent, alors je suis partant.

Ne plus être, c'est à dire ne plus sentir, ne plus se faire de souci pour une chose ou une autre, ne plus s'ennuyer, ne plus risquer de souffrir pour les autres ou pour soi-même, cela ressemble à une situation enviable, si vous me permettez de le formuler de cette façon.

Comble de chance. Pour parachever cette impression, j'ai fait, comme on dit un malaise quelques jours plus tard. sans gravité aucune, je vous rassure.

Durant le déjeuner, repas tout à fait équilibré sans le moindre excès d'alcool, j'ai eu le temps de sentir une grande faiblesse, la vue qui s'obscurcit, quelques sueurs froides et puis plus rien. J'étais tombé avec mon assiette garnie d'un steak haché et de légumes.

L'inconscience dura peu de temps car le bruit avait alerté mon épouse qui épouvantée, m'appela, me secoua pour me tirer de ma soudaine torpeur.

Double expérience en quelques jours du Néant qui nous attend tous et qui dans ces deux occasions ne m'est pas apparu comme bien redoutable.

bottom of page