J'ai aussi assisté à la montée en puissance chez mes élèves d'une utilisation débridée des Technologies de l'Information et de la Communication ― désinformation serait plus juste ― pour envoyer insultes sexistes, racistes et toujours ordurières à celles et ceux qui avaient eu le malheur de froisser la susceptibilité forcément à fleur de peau de tous ces joyeux ados qui avaient appris à dégainer leur téléphone portable plus vite que leur ombre.

Cela enrichissait les sorties de collège d'innombrables règlements de compte où les parents alertés par SMS du danger que courait leur progéniture venaient parfois renforcer le tourbillon de violence qui s'ensuivait.

Je n'ai jamais pu constater, malgré l'évaluation des compétences finement formalisées dans le cadre des TICE (voir plus haut) que mes élèves maîtrisaient d'ailleurs mieux que leurs pauvres professeurs ayant débuté leur sacerdoce sous le règne du tirage baveux de la brave "Gestetner" dont on ressortait immanquablement couvert d'encre, une utilisation raisonnée et respectueuse d'autrui des moyens numériques de communication.

J'ai au contraire assisté, concomitamment à l'explosion de l'internet et de ses applications dédiées à l'insulte virtuelle à une débauche d'octets diffusant sur la toile des scènes de bagarres ou de sauvages rodéos avec voitures d'emprunt. Le tout parfois mis sur le web grâce au matériel informatique de la Maison des Jeunes subventionnée par la Mairie.

J'avoue avoir un peu plus de compassion pour ces pauvres clandestins venus d'Afrique noire, de Syrie ou d'Afghanistan qui essayent d'échapper à la misère ou à la mort, malmenés par des passeurs sans scrupule que par ces jeunes des quartiers qui, même s'ils n'ont pas toujours des conditions de vie confortables s'ingénient à gâcher leurs chances d'intégration, refusant avec arrogance parfois les valeurs républicaines en adhérant à une économie mafieuse et à une petite délinquance qui empoisonne le quotidien des classes populaires.